Lorsque vous admirez les dreadlocks portées par des icônes comme Bob Marley ou des personnalités contemporaines, vous contemplez bien plus qu’une simple coiffure. Vous observez le résultat d’un héritage culturel millénaire qui traverse les continents et les civilisations. L’histoire des dreadlocks révèle une richesse insoupçonnée, mêlant spiritualité, résistance politique et expression identitaire.
Cette coiffure emblématique, formée de mèches emmêlées et compactes, possède des racines profondes qui s’étendent bien au-delà du mouvement rastafari jamaïcain. Des pharaons égyptiens aux guerriers celtes, des sages indiens aux tribus africaines, les dreadlocks ont traversé l’histoire comme un symbole universel de spiritualité et d’authenticité.
Tableau récapitulatif : L’essentiel de l’histoire des dreadlocks
Aspect | Détails |
---|---|
🌍 Origines géographiques | Égypte antique, Inde védique, Afrique, Grèce, Europe nordique |
📅 Premières traces historiques | 3600 av. J.-C. (Crète) à 2500-1500 av. J.-C. (textes védiques) |
👑 Égypte antique | Portées par la royauté et les dignitaires, momies conservées avec dreadlocks |
🕉️ Signification spirituelle | Connexion divine (Shiva), vœu de naziréat (Bible), ascèse religieuse |
🌍 Peuples africains | Akan, Bantous, Masaï, Peuls, Wolofs, Baay Fall (Sénégal) |
🏴 Mouvement rastafari | Jamaïque, années 1930-1950, symbole de résistance et de spiritualité |
🎵 Popularisation moderne | Bob Marley, reggae, années 1970-1980 |
💪 Symbolisme contemporain | Liberté, authenticité, fierté culturelle, résistance à l’eurocentrisme |
Les origines ancestrales de l’histoire des dreadlocks
L’histoire des dreadlocks plonge ses racines dans les civilisations les plus anciennes de l’humanité. Les preuves écrites des dreadlocks les plus anciennes remontent à entre 2500 et 1500 av. J.-C : le Dieu Shiva et ses disciples y sont décrits comme des jaTaa, ce qui signifie “portant des nœuds de cheveux emmêlés”. Cette référence védique constitue l’une des mentions les plus anciennes de cette coiffure dans les textes sacrés.
En Égypte antique, l’histoire des dreadlocks prend une dimension royale remarquable. Les membres de la famille royale égyptienne et les hauts dignitaires politiques portaient ce genre de coiffure, soit au naturel ou sous forme de perruque. On retrouve des dreadlocks sur des momies d’anciens Égyptiens, des perruques, des statues et divers objets. Ces découvertes archéologiques témoignent de l’importance accordée à cette coiffure dans la société pharaonique.
La dimension spirituelle occupe une place centrale dans l’histoire primitive des dreadlocks. Pour ces cultures, les dreadlocks étaient souvent un signe de connexion spirituelle, de sagesse et d’appartenance à une communauté. Cette signification transcendante explique pourquoi tant de civilisations ont adopté cette coiffure comme marqueur d’élévation spirituelle.
L’héritage africain dans l’histoire des dreadlocks

L’Afrique occupe une position centrale dans l’histoire des dreadlocks, avec une diversité remarquable de peuples ayant adopté cette coiffure. De nombreux peuples en Afrique (homme ou femme), comme les Akan, Bantous, Masaï, Peuls, Soninké, Okomfo (au Ghana), les tribus Bono, Oromo, Galla, les prêtres coptes d’Ethiopie ” Bahatowie ” portaient des dreadlocks.
Chaque peuple africain a développé sa propre interprétation culturelle des dreadlocks. Pour eux, les locks avaient une forte signification raciale ou spirituelle. Pour d’autres, cette coiffure est un symbole de fierté et de gloire ethnique en refusant les valeurs étrangères au peuple africain. Cette dimension de résistance culturelle traverse toute l’histoire des dreadlocks africaines.
Au Sénégal, les Baay Fall illustrent parfaitement cette continuité historique. Les Baye Fall (Sénégal) portent des dreadlocks appelées « ndiange » (autrement dit « cheveux costaux ») afin d’imiter Ibrahima Fall. Cette tradition sénégalaise démontre comment l’histoire des dreadlocks s’inscrit dans une démarche spirituelle et communautaire.
La morphologie capillaire des peuples africains favorisait naturellement la formation des dreadlocks. La chevelure crépue de ces peuples rendait plus facile la réalisation des locks qui se forment de manière naturelle, ou bien par manipulation. Cette facilité technique explique en partie l’ancrage profond des dreadlocks dans les cultures africaines.
Le mouvement rastafari et la renaissance moderne

Le mouvement rastafari marque un tournant décisif dans l’histoire des dreadlocks contemporaines. En Jamaïque, le terme dreadlocks fut enregistré pour la première fois dans les années 1950 comme un terme désobligeant lorsque le Young Black Faith, un premier mouvement rastafari prit naissance auprès des pauvres marginalisés de la Jamaïque pendant les années 1930.
Cette appropriation par les Rastafaris transforme radicalement la perception des dreadlocks. Pour les Rastafariens, les dreadlocks sont plus qu’une simple coiffure ; elles sont un symbole de dévouement à la spiritualité et à la nature. Les Rastafariens considèrent que les dreadlocks sont une façon de laisser pousser leurs cheveux naturellement, en accord avec leur croyance en la nature sacrée de la vie.
L’influence des guerriers éthiopiens inspire profondément le mouvement rastafari. Les guerriers éthiopiens « Ethiopian Warriors » de Leonard Howell se laissaient pousser les cheveux pour créer un effet effrayant face à l’ennemi. Cette référence aux traditions guerrières africaines renforce la dimension identitaire des dreadlocks rastafari.
L’expansion mondiale et l’impact culturel
La popularisation internationale des dreadlocks s’accélère avec l’émergence du reggae. La popularité du reggae et de Bob Marley ont renforcé l’intérêt pour les dreads dans le monde entier pendant les années 1980. La philosophie rasta avait alors une résonance forte pour la jeunesse afro-américaine.
Cette expansion mondiale révèle la dimension politique des dreadlocks. Comme la coiffure Afro, les dreadlocks se sont dotées d’une implication sociale et politique : une façon de valoriser les cultures noires contre l’eurocentrisme. Les dreadlocks deviennent ainsi un instrument de fierté culturelle et de résistance identitaire.
L’adoption des dreadlocks par différents mouvements témoigne de leur pouvoir symbolique. Certains punks à chien (ou sans), et altermondialistes les ont adoptées pour affirmer leur rejet des classes dirigeantes. Cette diversité d’appropriation démontre la richesse sémantique de cette coiffure.
Les controverses et débats contemporains


L’appropriation culturelle constitue un enjeu majeur dans l’histoire moderne des dreadlocks. En 2016, une étudiante noire s’est disputée avec un autre étudiant, un homme blanc, parce qu’il portait des dreadlocks. Soi-disant, qu’il n’avait nullement le droit de porter cette coiffure d’origine africaine. Ces débats révèlent les tensions autour de l’héritage culturel des dreadlocks.
La position des communautés afro-descendantes reflète un attachement profond à cette tradition. Pour certains peuples de descendance africaine, les locks sont une façon de représenter une gloire raciale ou ethnique. D’autres les voient comme un reniement à des valeurs eurocentriques représentées par les cheveux droits.
Cependant, la diversité historique des dreadlocks complexifie ce débat. On peut d’emblée affirmer que les dreadlocks ont toujours été lié à la culture africaine et indienne avec des preuves à l’appui. Cependant, étant donné que, les plus vieilles traces du port des dreadlocks aie été trouvé en Afrique et particulièrement en Egypte, on peut clairement comprendre que les noirs se l’approprient.
L’héritage spirituel et contemporain
L’histoire des dreadlocks révèle une continuité spirituelle remarquable à travers les siècles. Parmi les sâdhu et les sadhvis, hommes et femmes indiens pratiquant l’ascèse, les dreadlocks sont sacrés. Cette tradition indienne illustre la permanence de la dimension spirituelle des dreadlocks.
La formation naturelle des dreadlocks participe de leur symbolisme spirituel. Les dreadlocks se forment seules lorsque les cheveux poussent naturellement et sans l’utilisation de brosses, peignes, rasoirs, ni ciseaux. Cette naturalité renforce l’association entre dreadlocks et authenticité spirituelle.
Aujourd’hui, l’entretien moderne des dreadlocks concilie tradition et innovation. L’entretien comprend le nettoyage régulier, le séchage approprié et l’utilisation de produits de soins naturels pour garder les cheveux hydratés et éviter la formation de moisissures. Cette évolution technique préserve l’esprit originel tout en s’adaptant aux exigences contemporaines.
L’universalité historique des dreadlocks
L’étude approfondie révèle que l’histoire des dreadlocks transcende les frontières culturelles. Au Mexique, un peuple mésoaméricain portait des dreadlocks entre les XIVème et XVIème siècles. Chez les Wolofs, au Sénégal, les coiffures en locks étaient portées par les rois et la classe guerrière des Tiedos. Les peuples celtes ou viking en portaient également.
Cette universalité géographique démontre que les dreadlocks répondent à des besoins humains fondamentaux : expression spirituelle, marquage social, résistance culturelle. L’histoire des dreadlocks illustre ainsi comment une coiffure peut devenir le véhicule de valeurs universelles tout en conservant ses spécificités culturelles.
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