Figure centrale de la politique ivoirienne et symbole d’un panafricanisme revendiqué, Laurent Gbagbo incarne à la fois la résistance, la controverse et la résilience. De ses débuts dans l’opposition clandestine à son retour sur la scène politique après un long exil judiciaire, son parcours reflète les tensions et les espoirs d’une Côte d’Ivoire en quête de stabilité.
Alors que le pays se prépare pour l’élection présidentielle de 2025, l’ancien président, malgré son inéligibilité actuelle, reste un acteur incontournable du paysage politique.
🧭 Repères essentiels sur la vie et la carrière de Laurent Gbagbo
🗓️ Date de naissance | 31 mai 1945 à Gagnoa, Côte d’Ivoire |
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🎓 Formation | Docteur en histoire, Université Paris-Diderot |
📚 Profession | Enseignant-chercheur, historien |
🏛️ Fonctions politiques | Président de la République (2000–2011), fondateur du FPI (1982), président du PPA-CI (depuis 2021) |
⚖️ Événements judiciaires | Incarcéré à la CPI (2011–2019), acquitté en 2019 |
🛬 Retour en Côte d’Ivoire | Juin 2021 |
🗳️ Candidature 2025 | Investi par le PPA-CI mais inéligible à ce jour |
❤️ Vie personnelle | Marié à Simone Ehivet (1989–2023), puis à Nadiana Bamba (depuis 2024) |
👶 Enfants | Michel Gbagbo |
🕊️ Surnoms | « Le Woody de Mama », « Le boulanger d’Abidjan » |
🌍 Engagements | Panafricanisme, critiques de la CEDEAO et de l’influence française |
Laurent Gbagbo : de l’opposant historique au président contesté

Laurent Gbagbo débute sa carrière politique dans la clandestinité, fondant le Front populaire ivoirien (FPI) en 1982. Opposant déterminé au régime de Félix Houphouët-Boigny, il s’exile en France avant de revenir en Côte d’Ivoire en 1988. Candidat à l’élection présidentielle de 1990, il obtient 18 % des voix et entre au Parlement, consolidant ainsi sa position d’opposant majeur.
En 2000, il remporte l’élection présidentielle face au général Robert Guéï avec 59,36 % des voix. Son mandat est marqué par une crise politico-militaire qui divise le pays. Il accuse Alassane Ouattara d’être derrière la rébellion et s’appuie sur les « jeunes patriotes » dirigés par Charles Blé Goudé pour maintenir son pouvoir. Il repousse à plusieurs reprises l’élection présidentielle, prévue initialement en 2005, jusqu’en 2010.
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Lors de l’élection de 2010, il arrive en tête du premier tour avec 38 % des voix, mais est battu au second tour par Alassane Ouattara, qui obtient 54 % selon la Commission électorale indépendante. Le Conseil constitutionnel, favorable à Gbagbo, invalide les résultats dans plusieurs régions du Nord et le déclare vainqueur avec 51 %.
Ce double résultat plonge le pays dans une crise post-électorale sanglante, faisant plus de 3 000 morts. Le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo est arrêté par les forces pro-Ouattara, avec l’appui de la force française Licorne, et transféré à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.
Laurent Gbagbo : un retour politique malgré les obstacles
Acquitté par la CPI en janvier 2019, Laurent Gbagbo rentre en Côte d’Ivoire en juin 2021. Il quitte le FPI, son parti historique, en proie à des tensions internes, et fonde en octobre 2021 le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), affirmant ainsi son retour sur la scène politique.
En mai 2024, le PPA-CI l’investit officiellement comme candidat pour l’élection présidentielle de 2025. Cependant, il demeure inéligible en raison d’une condamnation en 2018 à vingt ans de prison pour des faits liés à la crise post-électorale de 2010-2011. Le parti cherche à négocier avec le gouvernement pour qu’il récupère ses droits civiques.
Parallèlement, Laurent Gbagbo tente de rassembler l’opposition en vue de la présidentielle de 2025. Des discussions sont engagées avec des partis tels que le PDCI de Tidjane Thiam et le Cojep de Charles Blé Goudé pour former une coalition contre le parti au pouvoir, le RHDP. Simone Ehivet Gbagbo, son ex-épouse, joue un rôle clé dans cette démarche.
Une figure politique toujours influente
Malgré les controverses et les obstacles judiciaires, Laurent Gbagbo demeure une figure influente de la politique ivoirienne. Son engagement en faveur du panafricanisme et ses critiques de la CEDEAO, qu’il accuse d’être un instrument de propagande de la France, résonnent auprès d’une partie de la population. Il met également en garde contre un éventuel quatrième mandat d’Alassane Ouattara, qu’il juge inconstitutionnel.
À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, son influence sur l’échiquier politique reste déterminante, que ce soit en tant que candidat ou en tant que figure de proue de l’opposition.